Visite de la déchèterie professionnelle "Mondeville Recyclage Négoce"
publié le 28 décembre 2023,
par Hannah Höfte et Marion Chapon
Ressources :
Imaginaires de réemploi
Où vont les déchets du bâtiment ?
C’est ce qu’on a voulu découvrir plus en détail en organisant une visite à la déchèterie professionnelle “Mondeville Recyclage Négoce”. Une manière de visibiliser les coulisses de nos villes, les volumes colossaux de déchets générés en toute discrétion par le BTP, et les modes de traitement qui existent déjà du côté du recyclage, une filière qui s’avère plutôt bien structurée.
L’entreprise “Mondeville Recyclage Négoce” est spécialisée dans la collecte et le recyclage des déchets inertes du bâtiment et des travaux publics (béton, terre, gravats, pierre, enrobés, céramique…).
Attention, on le rappelle, le recyclage est un procédé de traitement différent du réemploi, durant lequel la matière subit un déclassement. Ici, une pierre, un mur en béton ou un sanitaire se retrouvent réduits en gravillons de différentes granulométries, qui serviront ensuite en remblais routiers ou remplissage de tranchées lors de travaux publics. Ce procédé est très ouvrageux en temps et en énergie, comme nous l’a montré la visite du site, où nous avons aperçu les colossales machines de criblage en action. Il est adapté aux déchets inertes non pollués (qui sont les principaux volumes de déchets du BTP) et ne s’applique pas aussi bien à tous les déchets (nombreux ne sont pas recyclables et finiront en site d’enfouissement).
Les volumes qui transitent sur le site (environ 50 000 t de terre, 20 000 t de gravats et 15 000 t de béton par an) nous semblent déjà colossaux, alors même que son gérant Romaric Floro, nous précise qu’il s’agit d’une “petite entreprise familiale”.
C’est une filière en plein développement, qui va avec une évolution des pratiques de gestion des déchets inertes qui s’est opérée ces dix dernières années. Alors qu’auparavant les déchets de béton finissaient enfouis ou en remplissage de carrière, la réglementation pousse aujourd’hui le recyclage de ces déchets (l’Europe a fixé en 2015 un objectif de 70% de valorisation des déchets du BTP en 2020).
Les autres déchets, notamment de second œuvre (bois, verre, plastiques…) sont amenés à être de plus en plus triés et recyclés, comme le prône la nouvelle REP bâtiment (Responsabilité Elargie du Producteur, entrée en vigueur en 2023) qui impose un tri en 7 flux distincts (papier/carton, métal, plastique, verre, bois, fractions minérales et plâtre). L’entreprise “Mondeville Recyclage Négoce” est actuellement en train de se structurer pour organiser la collecte et le tri de ces flux distincts, ce qui amène des fortes complexités logistiques et opérationnelles (besoin important en surface et en main d’œuvre supplémentaire, tâches physiques difficiles…).
Qu’en est-il du réemploi dans tout ça ? M.Floro nous confie qu’il est parfois pratiqué de manière informelle (quand de beaux éléments de bois ou de pierre arrivent, ils sont conservés de côté pour être donnés ou revendus en l’état) mais cela reste très exceptionnel car quand les matériaux arrivent en déchèterie ils sont généralement “en bout de course” et déjà trop dégradés. Pour favoriser le réemploi, il faut donc intervenir en amont de la filière de recyclage, qui doit entrer en complémentarité avec le réemploi et uniquement pour les éléments non réemployables (ce qui semble encore loin d’être le cas…)
Merci à Romaric Floro de Mondeville Recyclage Négoce pour l’accueil et nos échanges !
Photos : Nils Freyermuth
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