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Le Bazarnaom, temple caennais de l’expérimentation et du réemploi.

publié le 12 janvier 2024,
par Hannah Höfte et Marion Chapon

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Imaginaires de réemploi

Le Bazarnaom, temple caennais de l'expérimentation et du réemploi.

Mercredi 13/12/23, nous avons organisé une visite du B3, troisième lieu investi par le collectif Bazarnaom qui réunit une trentaine d’artistes de différentes disciplines du monde des arts vivants et des arts visuels. L’angle de la visite était évidemment le réemploi de matériaux, car au Bazar, il n’en manque pas !

Caroline Bacon, coordinatrice de projets, nous a présenté la genèse du collectif et nous a illustré les étapes de l’aménagement du lieu avec des photos du chantier pendant que Benn Valter, meneuse d’ouvrage (savant mélange entre une meneuse de revue et un maître d’ouvrage), nous a fait visiter les lieux, dont il connaît tous les secrets de construction.

Ce grand hangar cours Caffarelli, rescapé des démolitions de la presqu’île, était un ancien entrepôt de stockage d’une entreprise de transport (nous sommes donc déjà sur du réemploi de bâtiment). En 2020, le collectif investit cet espace alors vide, mis à disposition par la mairie de Caen, et commence à l’aménager. Ils y arrivent avec la quasi-totalité des installations mises en place dans leur ancien local rue des Rosiers, qu’ils avaient prévues démontables (en partie grâce à la culture nomade du monde du spectacle de rue que certains d’entre eux partagent).

A cela sont venus s’ajouter bon nombre d’autres matériaux sauvés de la benne : d’anciens décors, de cinéma ou de théâtre (les réseau des artistes résidents aidant), des dons, d’entreprises ou de particuliers, des opportunités saisies (des conteneurs “derniers voyages”) et de joyeux hasards (de magnifiques fenêtres récupérées au bord d’une route).

Si on leur porte suffisamment d’attention, de nombreux matériaux de "Bazarville" sont porteurs de récits (les inscriptions “cours” ou “jardin” encore visibles sur le plancher d’un atelier nous rappellent qu’il recouvrait autrefois celui d’un théâtre) et chaque élément qui constitue cette “ville dans la ville” nous raconte une histoire : mise en oeuvre par des artistes, créateurs d’imaginaires aux nombreux savoirs-faire, la matière y est parfois magnifiée, parfois déguisée : c’est ainsi qu’une ensemble de basiques bungalows “Algeco” se transforme en un drôle de train contenant bureaux et ateliers.

Ce qui nous a touché au B3, c’est la dimension à la fois artistique et politique que met en avant ce collectif dans sa manière de réemployer la matière.

Cette pratique demande beaucoup d’imagination, de savoir-faire et une belle capacité d’adaptation, pour aménager un espace comme celui-ci, à la fois fonctionnel et beau, organique et poétique, qu’il a fallu dessiner au gré des matières glanées.

On l’a compris en les entendant nous raconter les 400 jours de joyeux chantier qui a réuni plus de 80 bénévoles : c’est grâce au génie collectif, à la force de travail qui en a découlé et au temps laissé au temps, qu’un tel espace peut voir le jour.

On sent bien que le réemploi n’y est pas qu’une histoire d’économie et que cette frugalité est une posture à la fois engagée, créative et joyeuse. Elle met en valeur la mémoire et la poésie que véhicule la matière à travers le temps et les lieux.

Si ce lieu incroyable vous rend curieux, des visites peuvent être organisées en écrivant à l’adresse suivante : visite[@]bazarnaom.com

Un grand merci à Benn, Caroline et toute l’équipe du Bazarnaom pour leur accueil et le partage de leur expérience !


  • Photo : Hannah Höfte

  • Photo : Hannah Höfte

  • Photo : Nils Freyermuth

  • Photo : Nils Freyermuth

  • Photo : Nils Freyermuth

  • Photo : Marion Chapon

  • Photo : Hannah Höfte

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