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de Seine en marais

Trévières, du 6 au 10 janvier 2024

publié le 17 janvier 2024,
par Sanae Nicolas et Lorène Chiron

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Reconstruction 2044

de Seine en marais

Notre première immersion à Trévières s’est avérée d’une richesse certainement renforcée par l’accueil de la Mairie au matin du 6 décembre, et par nos quartiers pris dans l’ancien presbytère reconstruit, en compagnie de Paul et Colin, deux jeunes personnes en service civique, missionnées pour créer du lien social avec les habitants de la commune et pour élaborer un chemin de randonnée permettant de relier Trévières aux plages du débarquement.

En leur sympathique compagnie, nous avons pu aussi prendre le temps, en off, de parler de la commune, de ce qui s’y passe, de comment on y vit. Nous avons d’abord pu conforter et nuancer nos premières intuitions :

- un bourg baigné dans un paysage réellement mouvant, oscillant, gradué, que nous avions découvert "blanchi" en novembre, et que nous avons trouvé sous une nouvelle apparence en décembre. Les marais avaient dégonflé, dégorgé, verdi ; ils se sont évaporés ou bien ont-ils "attéris"... Certains champs restent faiblement inondés, mais les chemins sont redevenus praticables, les ponts remis sur pied, et le lavoir tout juste rénové est sorti des eaux. Ici, il faut penser à ses parcours en fonction des saisons.

- un bourg rempli de pleins et de vides, où nous avions perçu des cellules commerciales vacantes, mais ou il existe également des sujets de vacance au niveau des étages supérieurs des commerces, qui ne disposent pas d’un accès indépendant, tout comme dans les "ilots banane" de Caudebec. L’espace public central de Trévières est quant à lui un vide issu d’un plein, car né du plan de la Reconstruction, il n’existait pas avant guerre. Il vient de faire cependant l’objet d’un nouveau remplissage par le biais d’une intervention paysagère (S. Craquelin paysagiste) . La nouvelle Halle de marché (E. Côme architecte) vient quant à elle reconstituer un ancien axe commercial que la Reconstruction n’avait pas retenu.

- un bourg certes touché à plus de deux tiers de sa surface par les bombardements et reconstruit avec de nouveaux principes d’implantation et l’affirmation d’une architecture modernisée, mais qui garde la mémoire vive de ses formes anciennes, à travers son petit patrimoine restauré (pont des gosnons, lavoir, Beau-Moulin), et ses façades urbaines qui ont échappés à la destruction. A Trévières, l’avant s’intègre dans l’après-guerre et réciproquement : le front commercial reconstruit de la rue Jean-Pierre Richard, dessiné d’une seule main, est cependant pensé pour donner un effet d’individualité, de personnalité à chaque logement, à chaque façade. Dans la commune, un tapis artisanal de "galets" vient aussi revêtir les bâtiments anciens comme modernes, harmonisant l’ambiance minérale de l’espace bâti. Le lit des trois rivières ?

PRE-CADRAGES
L’enquête de terrain, la rencontre avec les habitants, le dialogue avec les professionnels rencontrés nous ont par ailleurs permis de percevoir de premiers enjeux pour le devenir du patrimoine de la reconstruction à horizon 2044, que nous proposons d’intégrer dans cadrages qui, par des jeux d’échelles, fonctionneraient comme des passerelles entre des visions "grand territoires" et "micro-foncier" :

- autour de l’intergénérationel : les besoins en logements sur la commune sont nombreux et diversifiés, générés tant par les retraités, les nouvelles familles ou les jeunes actifs au sein d’un marché qui se tend de manière importante, alors qu’existent des phénomènes de vacance. Les ainés nécessitent soin, attention et solidarité en particulier : des enjeux pris en compte par la commune (pôle santé, espace de vie sociale), à poursuivre et consolider ;

- autour de la mobilité et des circuits courts : si le renforcement de l’autonomie des habitants de Trévières apparait comme un enjeu de son développement à horizon 2044, il faut qu’elle soit de plus en plus rendue possible par des offres de mobilité douces , durables et décarbonnées, et par la mise en réseau des ressources et des compétences dans le territoire. Ces enjeux rejoignent par ailleurs les stratégies d’attractivité que la commune souhaite mettre en devenant une destination de "tourisme vert".

- autour de la dynamique culturelle : la salle des fêtes de Trévières concentre un des grands enjeux pour le Trévieres de demain : elle doit être repensée pour permettre un accès universel à l’espace de spectacle, permettant ainsi d’en faire une salle fixe de cinéma. Le rez-de-chaussée et la cour arrière présente des potentiels d’investissement pour de nouveaux usages collectifs dont les besoins se font sentir. Un projet de réhabilitation embarquerait par ailleurs une reflexion sur les arrières de cet ilot, à retourner et à revitaliser.


Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes qui ont pris le soin de nous accueillir et le temps de dialoguer, et particulièrement :
- l’équipe municipale, et spécialement Mireille Dufour et Maryline Antonelli
- l’équipe en service civique : Paul et Colin
- les associations du Cinéma, de "La Cousette", de l’espace de vie sociale, du jardin-fôret "Hesperides"


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