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Le territoire normand comme canevas

Première rencontre avec le territoire

publié le 4 décembre 2023,
par Sanae Nicolas et Lorène Chiron

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Reconstruction 2044

Le territoire normand comme canevas

17 NOVEMBRE - SAINT-LÔ

À Saint-Lô, notre premier regard embrasse le front bâti de la rue Torteron, depuis le promontoire en schiste du grand rempart. Celui-ci se prolonge en main courante et devient le fil d’ariane de nos premiers pas, nous mettant sur une voie aussi sinueuse que la Vire en contrebas. Au pied de l’enceinte repose la première pierre de la ville qui en découle.

Reconstruit, le rempart l’est tout autant que les maisons de la rue Torteron, et l’on nous raconte en chemin les dernières transformations de l’une d’entre elles : son escalier extérieur permettant l’accès depuis l’arrière-cour par une terrasse élargie, la séparation d’un étage en deux chambres nouvelles, l’isolation par l’intérieur, l’installation d’un poêle à bois télescopique pour gravir la haute double pente du toit.

Contrefort de prime abord, le rempart se meut et se métamorphose, il devient tour à tour garde-corps, mur-pignon, muret séparatif, boite de garages, abris et soubassement… nous le sentons se déployer dans la géographie ondulante du Bouloir. Du cœur de ville vers le "quartier de compensation", ces roches affleurantes sont habitées et nous nous y habituons.

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18 NOVEMBRE - CAUDEBEC-EN-CAUX

À Caudebec-en-Caux, les rives et les cours d’eau se mettent en scène au pied d’un décor urbain où s’affirme le découpage des temps et se mêlent des évocations du passé, du présent et de l’avenir au bord d’une Seine à contre-courant, remontée comme une pendule. Une immersion sous le crachin normand et aussi à l’abri avec un camembert rôti.

Sur notre gauche, le mascaret mouille les îlots calcaires de la première vague de la reconstruction de ce bourg fluvial. Au sec, cela se passe dans une photo en noir et blanc. En face, à travers la baie du café : un fragment taille réelle et en couleur des mêmes îlots calcaires, avec ses lignes et détails d’encadrement et de corniches granitées.

Vue plus lointaine à travers la vitre de droite : vers le fleuve embrumé, le pont à haubans et le bac à quai. Rives en scène, Seine en crue, jeux de cadres. Au premier plan, les cuisiniers du mascaret testent leur bûche mascarpone au café, avec planté dessus, un petit palmier de fête annonçant la fin de l’année.

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19 NOVEMBRE - TREVIERES

Trévières, cernée par les eaux, se dévoile à nous en une série de champs-contre-champs, par le bout de la lucarne. A travers l’œil de bœuf tout en pierre : vue sur le pis de la vache, nourrie au foin des champs secrets qui blanchissent à l’hiver, quand les marais montent en charge.

À Trévières l’ancienne galerie adopte désormais le nom et la couleur de l’eau ; Trevieres que trois rivières environnent. Il y a l’Aure (inférieure), l’Esque et la Tortonne, qui emmêlent leurs lits aux pieds du beau-moulin, en contrebas du village. À côté de la nouvelle fromagerie, les autres vitrines attendent preneurs. Des pleins et des vides, côte à côte, dos à dos, nez à nez.

Ici, l’idée d’une complète renaissance du bourg à la suite de sa disparition sous les bombes de la seconde guerre fait étrangement échos à ce paysage évolutif, où les champs évanouis dans l’hiver réapparaîtront au printemps. Bien sûr, la submersion temporaire est sans commune mesure avec l’anéantissement total, mais ces champs au printemps, seront-ils encore les mêmes ?

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La prochaine session sera ponctuée de rendez-vous conviviaux permettant de "lancer" la résidence sur chacun des trois sites. La première restitution évoquée plus haut sous formes de scénettes dessinées pourra devenir un support d’échange avec les partenaires sur nos premières intuitions. Le cap de cette seconde session de décembre reste le même que celui annoncé dans la candidature : travailler à déterminer les cadrages pertinents et à dessiner les grands traits du patrimoine existant comme point de départ du récit, comme support sur lequel incorporer par la suite les éléments du bâti à révéler (richesses, singularités, risques et vulnérabilités, etc), et dans un troisième temps également les perspectives de transformation. La cartographie annotée, l’enquête de terrain, le relevé et les rencontres habitantes seront nos principaux outils pour proposer ces cadrages.

Affaire à suivre !


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