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300, C’EST BEAUCOUP

publié le 30 septembre 2025,
par Herbes Rouges

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Bassin de Caen, quels futurs ?

300, C'EST BEAUCOUP

Ceux qui mangent et les autres...

300 élus, techniciens et représentants des collectivités territoriales de la région Normandie se sont réunis mardi 16 septembre afin de réfléchir à l’adaptation de leur région au changement climatique. Pendant que l’assemblée demeurait polie, silencieuse, un inconfort s’installait en nous. On entendait “apprenons à anticiper les ressources de demain” afin “d’accompagner l’adaptation des entreprises” et “des personnes les plus vulnérables” face aux changements brutaux qui se profilent. “Continuons ! Face aux problèmes, trouvons des solutions.”
Et pourtant, aucun déplacement de nos quotidiens, de nos pratiques ou de nos relations semblaient être évoqués. Il ne s’agissait pas tant de repenser nos paradigmes et sociétés que de faire entrer les modèles existants dans un cadre acceptable, afin de maintenir une lourde illusion de normalité.

Le silence collectif dans la salle pesait autant que les discours eux-mêmes. Et puis, on s’est demandé :
“Qu’en a pensé la truite servie en rillette au déjeuner ?”

Pour la truite, on ne le saura pas. Mais nous, ces derniers jours, depuis les salles feutrées au tumulte du dehors du bassin caennais, on a entendu :

17 000 manifestantes et manifestants scander : “Licencions les actionnaires, ils servent à rien, ils nous coûtent cher”, quand les riches deviennent plus riches et les pauvres, plus pauvres.

Puis les aloses clamer “solidarité !” face à la menace du silure. Les civelles tonner : “solidarité ! pour remonter la passe à poisson vétuste et impraticable !” et 50 saumons chétifs gronder “redistribution !”, à la recherche de leur propre subsistance.

Enfin, la rumeur de la ville s’est atténuée en empruntant un sentier le long de l’Orne, serpentant entre les champs et les tentes des “itinérants” attendant la marée haute…

Tout ce beau monde s’agite dans le grand bassin de l’Orne. Alors oui 300 c’est beaucoup, mais ce n’est qu’une partie de l’histoire, car les 300 ne seraient rien sans le reste de l’assemblée qui les soutient. Et dehors, beaucoup d’autres - humains humaines et plus qu’humains - naviguent entre urgence sociale et urgence climatique, pris dans des filets qui les étouffent. 300 finalement c’est trop ou pas assez, quand le silence règne sur les oubliés.


À bientôt,
Les Herbes Rouges

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